Autochtonie - La rencontre

À la mi-novembre 1633, lorsque le père Paul LeJeune entreprend d'hiverner avec un groupe de Montagnais dans la forêt de la rivière du Loup, l'autochtonie laurentienne, telle que l'a connue Champlain lors de ses premiers contacts, est en train de disparaître. Avant lui, aucun missionnaire n'avait connu une telle expérience. Ce monde au sein duquel il va vivre en immersion et dans le plus total dénuement matériel pendant les six prochains mois, est en pleine mutation. 

La notion de petits empires autochtones trônant sur un ensemble de cités des bois concurrentielles ne tient plus qu'à des réflexes culturels sédentaires! Mais pour combien de temps encore? Tout va très vite! L'histoire est en accéléré. Les survivants de la côte Atlantique ont déjà commencé à migrer d'est en ouest le long de la côte laurentienne ou ils rejoignent les populations indigènes sylvicoles et huronnes qui y vivent selon leur propre modus operandi depuis plus de 4000 ans. 

Un quart de siècle plus tard, cette portion de l'autochtonie de l'Amérique du Nord, aura perdu 95% de ses membres, et les 5% restant devront se mêler aux peuples colonisateurs, ou disparaître en totalité. 

Que s'était-il passé avec les Espagnols, les Portugais, les Hollandais, les Anglais et les Français? Qui étaient-ils en leur état originel, avant l'invasion européenne? Comment se comportaient-ils devant la mort, cette Grande Inconnue, avant les missionnaires n'y mettent leurs croyances? Quelle était leur attitude devant la mort? Comment étaient constitués ces groupes familiaux et les alliances tribales? Qu'est-ce qu'un mariage à la mode du pays et comment procédait-on? Sexe, mariage, famille, guerre, tabac, soins du corps, etc... C'est dans la perspective de répondre à ces questions d'histoire souvent controversées, que j'ai entrepris de livrer, dans ce bouquin, la somme d'une vie de recherche et de questionnement consacrée à cette histoire qui est aussi la mienne.