Dans les langes métisses des Terres-Rompues : Le cas de l'alliance d'affaires Gagnon-Kessy-Murdock

Pour la plupart des Québécois, le nom des Terres-Rompues est associé à l'histoire d'un cataclysme funeste qui, dans dans la nuit du 4 au 5 mai 1971, a emporté une partie du village de Saint-Jean-Viennay. Pour les gens du pays, l'évocation de ce nom fait remonter l'horloge de la mémoire aux grandes heures du poste de traite de Chicoutimi, alors que les engagés du monopole, les coureurs des bois et les "gens libres" s'y retrouvaient pour faire la traite, chasser et faire moisson du foin sauvage. Pour d'autres, c'était un passage obligé et un important pied-à-terre avant d'atteindre, par vingt portages, cinquantes obstacles et cents détours, la rive nord du lac Saint-Jean, l'arrière-pays de la Shipshaw, de la Péribonka et de la Mistassini. 

À la fin du XVIIIe siècle, l'endroit était occupé en permanence par des gens de la place, dont les Verreault et les Corneau, deux familles de Métis pleinement occupées à donner naissance à l'un des plus anciens rameaux de ce nouveau peuple de la Boréalie québécoise. À leur suite, dans les heures chaudes de la fin du monopole des fourrures (1842), arrivèrent les McLeod, père, fils et Sauvagesses, les Murdock, les Blackburn, les Villeneuve, les Tremblay, les Côtés. Ces gens n'avaient pas à faire connaissance. Ils n'étaient pas des étrangers puisqu'ils portaient déjà en eux, par les liens du mariage, de la parenté et de la culture, la sève, la mémoire et les parfums du pays. 

Pour remettre en perspective la vérité historique, qui a été détournée de son sens depuis la Loi 1851, l'auteur, justement un Métis de ce pays, ouvre un chapitre occulté de l'histoire du Québec. En pénétrant l'intimité généalogique de cinq clans Métis et en reconstruisant la trame des unions et des alliances, il réussit à démontrer comment a été ouvert le Saguenay à la colonisation forestière et agricole et quelle forme a pris la marche du peuplement euro-amérindien dans cette pouponnière des Postes du Roi.